La revue

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Utopie est un terme aujourd’hui couramment employé. Trop peut-être. Utilisé dans les médias, employé par les hommes politiques, usé dans les discussions quotidiennes, utopie est un mot polysémique chargé des connotations les plus contradictoires. Il désigne aussi bien la chimère, l’illusion, le rêve, l’irréalisable qu’un possible souhaitable, un avenir meilleur, un programme politique idéal. Il est support d’éloges, voire d’espoirs, mais il peut être aussi une insulte et un sarcasme. Alors qu’est-ce que l’utopie ? C’est, hélas, bien souvent ce dernier sens qui l’emporte. Alors pourquoi L’Utopie ?

Prononcez eu-topie. Non pas ou-topie. Évitons l’ambiguïté phonique du préfixe grec passé en français. Au contraire de Thomas More, inventeur du mot, qui joue sur l’équivoque, choisissons de transcrire le préfixe mélioratif eu- et non pas le préfixe négatif ou-. Eu-topos donc, le « lieu où tout est bien ». Eu-topos comme projection d’un monde meilleur.

Où sont les utopies aujourd’hui ? Partout ? En chacun de nous ? Sous la plume d’auteurs passés ou contemporains ? Passés peut-être, plus rarement contemporains. Nous ne pouvons que constater que l’utopie, contrairement aux derniers siècles, n’a plus la faveur des politiques, des penseurs, des écrivains. Que ce soit à la télévision, au cinéma ou dans les livres, la dystopie est aujourd’hui toute puissante. Et cela ne va pas sans succès ! Pensons donc à La Servante écarlate, aux épisodes de la série Black mirror, ou encore à la multiplication des romans d’anticipation qui présentent un avenir proche politiquement glacial ou écologiquement brûlant.
Pour raviver cette grande absente, nous aimerions que cette revue devienne un foyer de propositions, un laboratoire de mondes possibles où se côtoient critiques modérées ou critiques enflammées, créations réfléchies et réalisables, créations imaginaires et délurées, qui nous fassent rêver et croire en l’avenir.

L’Utopie, revue des utopies, car nous croyons encore qu’un monde meilleur est possible, qu’à petite échelle nous sommes capables de changer les mentalités, que les mots ont le pouvoir de transformer le monde. L’Utopie est portée par cette certitude.

Nous ouvrons donc ces pages aux jeunes auteurs et aux auteurs confirmés, aux « littéraires », et aux « scientifiques », au plus grand nombre possible d’artistes engagés, photographes, dessinateurs, peintres… Nous ferons fi ici des distinctions établies, contraignantes et encore trop présentes qui régissent le monde des lettres. Dans L’Utopie, vous trouverez des nouvelles, des poèmes, des contes, mais aussi des essais, des billets polémiques, des entretiens, de la photographie, du dessin, ou encore de l’aquarelle.

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